47,2 milliards de dollars : la musique retrouve toute sa valeur

47,2 milliards de dollars : la musique retrouve toute sa valeur

Pendant des années, la question a hanté l’industrie musicale : la musique vaut-elle encore quelque chose ? Et à l’heure du streaming, beaucoup ont pensé que non.
Mais les chiffres, eux, disent l’inverse.

Selon un nouveau rapport signé Will Page, économiste reconnu de l’industrie, la valeur mondiale des droits d’auteur musicaux a atteint 47,2 milliards de dollars, un niveau jamais observé auparavant. Un chiffre symbolique, presque historique, qui marque le chemin parcouru depuis la crise profonde des années 2000.

Il y a dix ans à peine, ce même marché pesait environ 25 milliards de dollars. En une décennie, la valeur de la musique protégée par le droit d’auteur a donc presque doublé, portée par la montée en puissance du streaming, l’envolée des marchés émergents et une consommation musicale plus mondiale que jamais.

La musique enregistrée — celle des labels et des plateformes — représente la plus grande part, avec près de 29 milliards de dollars. Les droits liés aux compositions, eux, continuent de jouer un rôle central : sociétés de gestion collective et éditeurs cumulent près de 18 milliards de dollars, rappelant que la chanson, avant d’être un produit, reste une œuvre écrite.

Ce retour à la croissance n’est ni brutal ni spectaculaire. Il est progressif. La musique n’explose plus : elle s’installe.

L’un des constats les plus frappants du rapport n’est pourtant pas financier. Il est culturel. Will Page parle de « glocalisation » : la musique triomphe de plus en plus localement, sans nécessairement chercher à conquérir le monde. Au Danemark, les albums les plus écoutés sont majoritairement chantés en danois. Au Brésil, les artistes locaux dominent les classements nationaux et génèrent, par la seule force de leur public domestique, une valeur considérable. Et que dire de la France, avec l’omniprésence du rap dans les classements.

Autrement dit, le succès n’a plus besoin d’être universel pour être rentable. Une excellente nouvelle, même si le marché de la musique déprime parfois encore un peu. L’intelligence artificielle plane au-dessus de lui comme une promesse autant qu’une menace — mais c’est un autre sujet.