YouTube & TikTok en accéléré ? Pas forcément une bonne idée…

YouTube & TikTok en accéléré ? Pas forcément une bonne idée…

On ne va pas vous le vendre comme une nouveauté ni comme un phénomène de masse qui toucherait des « djeuns déformés par les rézzzzo sociaux »… Donc, non, on ne dira pas que le speed watching débarque en France, comme le font les médias traditionnels tous les ans… depuis 10 ans !

Regarder une vidéo en accéléré, choisir le x1,5 ou le x2, sur YouTube, TikTok ou ailleurs, ne serait-ce qu'à la pression du doigt sur l'écran, est bien plus classique et répandu. Ce qui nous intéresse, en revanche, ce sont les conséquences sur notre cerveau.

Et ce sont nos confrères de The Conversation qui rapportent les conclusions d’une étude menée auprès d’étudiants américains. En observant le comportement de celles et ceux qui consomment tout en accéléré, plusieurs enseignements en ressortent.

D’abord, et cela va peut-être vous sembler contre-intuitif, regarder une vidéo à une vitesse modérée (disons autour de x1,25 à x1,5) a peu d’impact sur notre compréhension du contenu. En revanche, augmenter la vitesse (autour de x2) peut poser problème, notamment dans le cadre d’un apprentissage complexe ou d’une vidéo dense en contenu. Dans ce cas, la surcharge cognitive peut l’emporter et notre compréhension du contenu s’en trouver altérée.

Ensuite, sachez que voir une vidéo en accéléré engage un effort accru du cerveau et une plus grande attention… tout ce qu’aiment les plateformes et réseaux sociaux. Ce temps de cerveau disponible, ce marché de l’attention, sont tels que TikTok ou YouTube ont tout intérêt à vous voir consommer à une vitesse élevée. Méfiez-vous de leurs suggestions !

Enfin, l’étude nous dit — on pouvait s’en douter — que les effets de l’accélération de la vidéo varient selon l’âge, le type de contenu, qu’ils s’agissent d’informations sonores, visuelles, textuelles, etc.

Nos cerveaux sont des héros

Car qu’est-ce qui se passe dans notre cerveau ? Il doit traiter l’audio et/ou le texte plus rapidement, synchroniser l’image, le son, éventuellement les sous-titres, encoder l’information dans la mémoire à court/moyen terme, tout en maintenant l’attention… Bref, nos cerveaux sont des héros, tant qu’on maîtrise l’accélération ! Trop forte, et l’une de ses composantes sera vite saturée ou dégradée.

En somme, dans un monde d’ultra-sollicitation, on se dit souvent qu’on n’a pas le temps. Tout devient prétexte à l’économiser, pour voir plus de contenus par exemple. Si vous êtes déjà dans cette boucle infernale, sachez que les scientifiques ont quelques conseils à vous donner : évitez de consommer trop de vidéos accélérées sur une courte période et faites des pauses.

Au-delà, le « speed watching » modifie aussi notre rapport au temps et à l’attention. Ce phénomène, d’après un autre article publié dans Le Monde, certains l’appellent « le seuil d’ennui », qui traduit une dépendance subtile : la vitesse devient la norme et ralentir devient frustrant, voire déprimant. En d’autres termes, nous risquons de sacrifier toujours un peu plus de notre capacité de compréhension, de mémorisation, en matant des contenus en accéléré. La lecture, l’écoute ou la réflexion, qui exigent un rythme naturel, se retrouvent comprimées. En somme, on y perd à long terme.