L'avenir des clubs est-il chez vous ?

La vie nocturne (et singulièrement les clubs) traverse une période difficile. Hausse des coûts d’exploitation, inflation, transports peu fiables, insécurité : autant de signaux d’alerte, autant d’explications face aux fermetures, ou plutôt à l’hémorragie que connaissent quasiment toutes les métropoles européennes.

Pourtant, alors que ces lieux traditionnels ferment ou voient leur fréquentation chuter, la jeunesse — Millennials et Gen Z — ne renonce pas à la fête. Elle la réinvente, dans des espaces plus intimistes, auto-créés et informels. En somme, la fête ne disparaît pas : elle se déplace, comme le montrent deux études récentes.

La première est signée de la NTIA (Night-Time Industries Association), qui alerte régulièrement sur la disparition des clubs en Angleterre, sur les défis qu’ils rencontrent et sur l’indifférence du gouvernement. Menée auprès de 2 000 personnes, sa nouvelle étude confirme un constat déjà alarmant :

• 76 % des sondés estiment que l’envolée des prix « exclut » les gens des sorties nocturnes, et 70 % jugent l’hospitalité de moins en moins abordable. Les Anglais ont pris le mur de l’inflation en pleine tête : bars, pubs et clubs sont fragilisés, et la jeunesse en paie le prix, ne pouvant se permettre des sorties fréquentes.
• 64 % soutiennent une baisse de la TVA pour les entreprises du secteur, signe d’un fort sentiment que l’État devrait intervenir.

Le bilan pour la fête anglaise est sévère : le nombre de lieux de nuit (bars, clubs…) a reculé de 4,6 % sur les 12 derniers mois.

L’autre étude, signée AlphaTheta, s’est intéressée aux Millennials (âgés entre 25 et 35 ans) et à la génération Z (née entre 1997 et 2012). Son enseignement principal : les plus jeunes font la fête entre eux, souvent chez eux.

• 34-35 % des personnes interrogées estiment que les meilleurs DJ sets ont lieu dans un salon, un sous-sol ou un espace improvisé à la maison, plutôt que sur une scène classique.
• 28 % des Millennials et 25 % de la Gen Z ont mixé pour la première fois lors d’une soirée privée, y voyant un lieu de liberté pour expérimenter la musique sans la pression d’un club traditionnel.

Parmi la jeunesse, la moitié des Gen Z (et 55 % des Millennials) considèrent désormais la home party, chez eux ou chez un ami, comme un lieu idéal pour découvrir de la nouvelle musique.

Ce tournant rappelle que, même si les clubs traditionnels disparaissent ou sont à la peine, la culture de la fête et de la musique underground ne meurt pas : elle se réinvente.

Ces deux études racontent la même transformation du paysage nocturne :

• D’un côté, l’inflation, la hausse des coûts et la réduction des services publics (transport, sécurité…) poussent les établissements à fermer faute de rentabilité et les consommateurs à renoncer aux sorties nocturnes.
• De l’autre, un désir intact — voire renforcé — de sociabilité, de fête, de création musicale et d’appartenance à une communauté trouve désormais un espace dans l’intime, le « DIY ».

Autrement dit : la fête se déplace, de l’institutionnel au personnel. Ce qui pourrait bien jeter une dernière pelletée de terre sur le cercueil des clubs les plus fragiles. Si les plus jeunes ne vivent plus le club comme un rite de passage à la majorité, il est probable qu’ils n’y retourneront pas davantage à 21, 25 ou 30 ans.

Et vous, la fête, c’est plutôt en club ou à la maison ?