Kölsch, l'émotion à fleur de peau

Publié : 17 novembre 2025 à 17h42 par Christophe HUBERT

Kinema
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Crédit : Kinema

Kölsch, c’est une promesse d’évasion, d’amplitudes, et n’allez pas croire que ce sont des émotions qu’on ressent chez tous les producteurs. Le DJ et producteur Danois Kölsch a un savoir-faire… ailleurs que dans le chapeau ! Une électronique puissante, mais au service d’une douceur d’exécution. Une faculté à remplir l’espace avec des compositions presque théâtrales, poétiques. À moins qu’on ne doive désormais en parler au passé, depuis la sortie de son nouvel album « Kinema ».

Pour commencer, « Kinema » est un faux ami. Pas de cinéma en question, mais un mot grec qui veut dire « mouvement ». Et il résume à lui seul l’essence du projet : des compositions fluides, vivantes, oscillant entre introspection nostalgique et énergie club, entre poésie et… facilités à demi assumées. L’album invite à la contemplation — c’est bien le moins pour ce producteur qui a ce talent pour raconter des histoires —, mais il sait aussi entraîner dans des passages plus dansants ou plus hypnotiques.

Parmi les pépites de l’album, certains titres sortent du lot : « Waste My Time », fruit de la collaboration avec CamelPhat ; « Nacht & Träume », qui se déploie comme un poème nocturne, dans la version la plus chimiquement pure du son kölsch-ien ; ou encore « All That Matters », réinterprété avec un orchestre, donnant au titre une dimension majestueuse.

« Kinema » a donc, sur le papier, tous les ingrédients du son Kölsch : enchanteur et rêveur, brut et résonnant. Beaucoup trouvent que l’album approfondit son art. Mais nous devons aussi dire — nous — une forme de déception : on ne retrouve pas vraiment le Kölsch énergique que l’on aimait sur « Grey » ou le Kölsch plus personnel de « Grape », par exemple. Cet album cède certainement un peu trop aux sirènes de l’instant. Le Danois la joue donc plus "dance", plus vocal, et à force de vouloir ressembler aux sonorités à la mode, il finit par rendre transparentes ses propres spécificités, son propre ADN.

Certes ce nouvel album propose une énergie différente, moins dans le classicisme ou la réinvention après des projets comme « Isopolis » ou « I Talk To Water ». Mais qu’il déçoive ou qu’il enchante, Kölsch reste un orfèvre qui donne à la techno et aux machines beauté et humanité. Et si sa promesse initiale était celle du mouvement, alors elle est tenue.

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