Faut-il en finir avec les albums ?

31 octobre 2023 à 12h39 par Christophe HUBERT

Claptone
Claptone
Crédit : Claptone

Faut-il en finir avec les albums ?

L’avènement des plateformes de streaming, la norme de la vidéo verticale de 30’’ ou encore l’explosion de l’offre musicale qui nous fait bondir d’un artiste à un autre, tout cela milite sérieusement pour la mort de l’objet album.

En effet, le public volatile et infidèle ne semble plus vouloir s’appesantir sur un temps long, laisser le temps à un artiste de s’exprimer. Tout ceci, l’homme au masque vénitien, l’allemand Claptone l’a bien compris.

 

"En tant qu'artiste dance, vous ne devez pas faire d'albums"

 

Lors du dernier Amsterdam Dance Event, l’artiste s’est montré catégorique, jugeant le format album "totalement inutile" pour les artistes de musiques électroniques. Selon Claptone, l’album ne serait plus à même de conquérir un public, bref, d’être rentable artistiquement et commercialement. "Si vous vous lancez dans ce métier en tant qu'artiste dance, vous ne devez pas faire d'albums", ajoute le DJ mondialement célèbre. 

Sauf que non. L’album n’est pas qu’un format ou un produit, c’est une narration. Bien sûr, certains artistes y regroupent leurs derniers hits, histoire d’encapsuler un espace-temps, un moment de leur carrière, comme un livre qui se ferme, avant d’ouvrir de nouveaux chapitres, et ce n'est pas toujours le plus intéressant. C'est en revanche devenu la norme.

D’autres trouvent en l’album, une pause, presque militante par les temps qui courent, où tout est instantané, rapide. Un album, on peut s’y poser, s’y perdre, s’y étaler, s’y présenter. Beaucoup de jeunes talents électro ont le culot de sortir des albums et c’est parfait pour nous inciter à la découverte. Beaucoup de talents électro se livrent à l’exercice pour exprimer des nuances, produire autre chose que des radio edit de 2 min 30, explorer de nouveaux territoires, multiplier les titres quitte à se tromper, à tâtonner, à s’abandonner.

La question de l'album semble donc moins l’affaire de l’artiste que celle du public. Laisser le temps au temps est un effort que nous devons faire. Prendre une pause dans un monde et un écosystème musical qui détestent les silences. Mieux encore, encourager un artiste à produire un album, c’est lui permettre de s’affranchir des codes du marché, tout n’est pas que marketing.

Au final, la sortie de Claptone relance un vieux débat et chacun aura son opinion. Ce qui peut sembler étrange, c’est la sentence du DJ qui condamne l’album alors qu’il se félicite d’être un collectionneur fou de vinyles. Fouiller dans sa discothèque, sortir une galette au hasard, poser le bras de la platine, laisser la musique faire son œuvre… Claptone semble plus disposé à prendre son temps qu’à en donner à son public. Dommage.

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