DJ Snake cherche le centre de son monde

Publié : 12 novembre 2025 à 12h49 par Christophe HUBERT

DJ Snake
DJ Snake
Crédit : DJ Snake

DJ Snake cherche le centre de son monde

« Je suis un nomade malgré moi », disait récemment DJ Snake. Pas un slogan, juste une évidence tranquille. L’artiste n’a jamais su rester au même endroit trop longtemps : ni géographiquement, ni artistiquement. Et c’est précisément ce que raconte son nouvel album, "Nomad", sorti le 7 novembre dernier.

Six ans après "Carte Blanche", DJ Snake revient avec un disque pensé d’abord comme un carnet de route. Si l’on se penche, pour commencer, sur la musique, "Nomad" traverse les frontières : reggaeton, trap, afro-house, K-pop, sonorités arabes ou orientales… Le DJ français brasse large, tout comme l’illustrent les collaborations : J Balvin, Future, Travis Scott, Stray Kids ou encore Don Toliver.

« Je voulais rendre hommage à ce que j’ai vécu sur les routes, à toutes ces cultures qui m’ont influencé », explique-t-il sur le plateau d’En Aparté sur Canal+. Dans sa bouche, le mot nomad ne désigne pas un concept marketing, mais une manière de vivre : « Quand je reste trop longtemps au même endroit, je me sens coupé du monde. Le mouvement, c’est ma manière d’exister. »

DJ Snake voyage… mais nous laisse à quai ?

Et de fait, il bouge avec ce nouvel album — et nous fait bouger par la même occasion ! Car c’est bien là le deuxième enseignement de "Nomad" : DJ Snake cherche, DJ Snake se cherche. Et comme l’exercice est difficile, cela peut parfois sembler flou, insaisissable. Le Nouvel Obs a ainsi tranché : « Un album qui voyage partout, mais qui ne va nulle part ». Dur.

D’autant plus dur que DJ Snake l’assume parfaitement. Sur Canal+, il déclare également : « Je ne cherche pas la perfection. Je cherche la vérité du moment. Chaque morceau, c’est une photo prise sur le vif. »
Et donc, avec son œil. Pas toujours facile à suivre. Ce refus de la linéarité est à la fois la force et la faiblesse de l’album, vous l’aurez compris.

Les morceaux s’enchaînent comme les escales d’un voyage intérieur : parfois lumineuses (Patience, inspirée d’Amadou & Mariam), parfois expérimentales (Final Fantasy et son beat futuriste). On sent la main d’un artiste qui a voulu cet album comme une quête de sens dans un monde musical saturé de formats et d’effets de mode. Snake refuse désormais de n’être qu’un hit-maker : « Je ne veux pas refaire dix fois Turn Down for What. Ce serait facile, mais ça ne m’apprendrait rien. » Alors il tente autre chose : un album qui est trop réfléchi pour le dancefloor, trop oscillant pour l’écoute à la maison. Un entre-deux.

Nomad, le courage de l’imperfection

Dans un monde où tout doit être lisse et calibré, "Nomad" navigue à contre-courants. DJ Snake assume l’imperfection, car son album est une succession de souvenirs, de rencontres, d’allers-retours. Un puzzle, ou plutôt un kaléidoscope musical. Autrement dit, le producteur français ne choisit pas la facilité. Il y perdra peut-être quelques plumes, mais sa carrière est déjà jalonnée de sons mémorables — donc son public ne devrait pas trop lui en tenir rigueur.

visuel application FG