DJ après 50 ans : poursuivre le plaisir ou savourer sa retraite ?

26 février 2024 à 12h15 par Christophe HUBERT

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DJ après 50 ans : poursuivre le plaisir ou savourer sa retraite ?

Il y a quelques jours, Calvin Harris faisait cette déclaration choc : il ne se voit pas continuer sa vie de DJ après 50 ans. D’autant plus facile à dire qu’il en a seulement 40, ce qui lui laisse une petite marge de manœuvre ! Reste que sa déclaration relance le débat sur l’âge – non pas du capitaine – mais de celles et ceux qui nous ambiancent en clubs ou festivals.

On ne sait pas d’ailleurs pourquoi ce débat concernerait davantage un DJ qu’un chanteur de rock ou qu’une star de la pop. A 50 ans, les mêmes corps, les mêmes vies à 100 à l’heure, les mêmes freins et mêmes envies. Mais parce que le métier de DJ est assimilé aux clubs, à la danse, être un artiste de plus de 50 ans parait impossible à certains, bizarre pour d’autres.

Dans la réalité, il y a désormais pléthore de DJs – notamment les pionniers – qui ont passé 50 ans et qui performent encore. De David Guetta à Carl Cox en passant par Fatboy Slim et Dennis Ferrer. Et ils ont bien raison, voici 5 atouts qu’ils ont dans leur manche :

Expérience inégalée : Les DJs plus âgés apportent avec eux une riche expérience musicale. Ayant vécu l’émergence et l'évolution de bien des genres musicaux, ils possèdent une expertise qui finit par transcender les générations et l’assurance pour le public, d’écouter ce qui fait de meilleur.

Réseau solide : Après des années de travail dans l'industrie musicale, les DJs plus âgés ont souvent tissé des liens solides avec d'autres artistes. Des connexions qui ouvrent la voie à de multiples collaborations, en studio comme sur scène.

Adaptabilité : Les DJs qui ont traversé plusieurs décennies ont fatalement développé une grande adaptabilité. Ils peuvent jongler avec différents styles musicaux – parfois même en créer, pensons à la Future Rave de Guetta/Morten ou à l’afro house de Black Coffee - et s'ajuster aux nouvelles tendances.

Transmission du savoir : Les DJs expérimentés ont évidemment un rôle de transmission inégalé. Il suffit de voir, par exemple, un set de Laurent Garnier pour s’en convaincre !

Épanouissement personnel : La musique est affaire de passion, d’émotions. C’est aussi ce qui transpire d’un DJ set et qui créé la connexion entre un artiste et son public. Si la passion est là, à 40, 50, 60 ans, pourquoi s’arrêter ?

 

Cela dit, on sait que la prolongation de la carrière fait cogiter bien des DJs qui, comme Calvin Harris, se disent qu’après 50 ans, ce serait bon de lever le pied. Et là encore, 5 bonnes raisons de prendre sa retraite des platines


Fatigue physique : Les contraintes physiques liées à l'âge peuvent rendre les performances nocturnes épuisantes. Ajouter à cela les vols longue durée, les décalages horaires, les repas vite avalés et vous comprendrez aisément que cela se gère mieux avec le corps d’un trentenaire qu’avec celui d’un quinqua.

L’image : DJ c’est un métier d’image, de show off. Et il faut pouvoir assumer de naviguer dans un univers où vos collègues ont l’âge d’être votre fils ou votre fille. Sans parler du public, souvent très jeune. Un décalage d’image qui peut être difficile à gérer, on comprend dès lors l’énergie déployée par certains DJs pour paraître jeunes, en formes, musclés et énergiques.

Devenir ringard : L'industrie musicale évolue constamment, les goûts du public évoluent. Jusqu’au jour où vous n’êtes plus tout à fait en phase avec l’énergie de la fête, dans ce cas, mieux vaut partir avant !

Profiter de la famille : Derrière les artistes, des parents – le récent post de Diplo l’a encore souligné. Et si la vie de DJ éloigne de sa famille, de ses amis, l’approche de la cinquantaine peut encourager à un retour à l’essentiel.

Satisfaction du devoir accompli : Difficile de quitter la scène si vous pensez avoir des choses à terminer, un graal artistique à atteindre. Mais pour ceux qui ont une longue carrière derrière eux, qui ont joué partout, la satisfaction de devoir accompli devrait inciter à sortir de la scène.


C’est un débat sans fin et à vrai dire, c’est l’affaire des artistes eux-mêmes, de leurs désirs… et au final, le public tranchera. Les musiques électroniques n’ont pas énormément de recul et donc, doit-on, peut-on être DJ à 50 ans, à 60, à 70 ? Il y aura sans doute de nombreuses réussites et des contre exemples. Calvin Harris, lui, a choisi de ne pas prendre le risque.

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