Comment reconnaître un titre produit par IA ?

Publié : 12 novembre 2025 à 18h43 par Christophe HUBERT

Image d'illustration
Image d'illustration
Crédit : Image d'illustration

Comment reconnaître un titre produit par IA ?

Comment reconnaître un titre produit par IA ? C’est simple : on n’y arrive pas. Pas besoin de tourner autour du pot, car une étude menée par Ipsos pour Deezer, auprès de 9 000 personnes, le prouve. Résultat ? L’IA (em)brouille nos oreilles : 97 % des auditeurs ne distinguent pas la musique humaine de celle produite par l’intelligence artificielle.

Cela signifie qu’à moins d’être doté d’un superpouvoir, à tout moment, en appuyant sur play sur Deezer ou Spotify, vous pouvez vous faire berner — que ce soit par un riff de guitare, quelques notes de piano ou la douceur d’une voix, le tout produit par l’IA. Ce n’est pas un scénario de science-fiction : on sait déjà — d’après Deezer toujours — que la plateforme reçoit plus de 50 000 titres créés par IA chaque jour. Chaque jour.

Et ce constat n’a rien d’anecdotique. Car ces auditeurs testés n’étaient pas tous novices : certains avaient l’oreille musicale, d’autres étaient des habitués des plateformes. Pourtant, face à des chansons issues d’algorithmes capables d’imiter des voix, des instruments et même des émotions, la confusion a été totale.

En parallèle de cette étude, Deezer fait face à la marée montante. La plateforme a donc mis au point un système de détection des contenus générés par IA et a commencé à les exclure de ses playlists éditoriales. Et on la comprend : que devient la musique quand elle perd son visage humain ?

La confiance, nouveau mur du son

Aujourd’hui, la musique générée par l’IA peut vous rendre dubitatif, curieux ou carrément énervé. Pour les répondants à l’enquête Ipsos, c’est plutôt la gêne qui l’emporte. Plus de la moitié des participants (52 %) ont admis se sentir mal à l’aise de ne pas savoir ce qu’ils écoutaient. Et, assez logiquement, 80 % réclament que ces morceaux soient clairement étiquetés.

Car en plus d’être mélomane, le public commence à être bien informé sur les enjeux : 70 % des personnes interrogées pensent que la musique générée par IA menace les revenus des artistes humains, et 69 % estiment qu’elle ne devrait pas toucher les mêmes royalties.

Ce que révèle cette étude, c’est peut-être une peur grandissante ou irrationnelle de l’IA dans la musique, car dans le même temps, beaucoup d’artistes l’utilisent déjà comme outil d’aide à la création.

Mais au-delà, et si l’on n’y prend pas garde, c’est une véritable mutation sensorielle que nous pourrions vivre : l’oreille humaine, longtemps capable de reconnaître le timbre d’une voix, l’intention qu’elle véhicule, la singularité d’un solo de guitare — ces petits riens imperceptibles qui nous rendent accro à certains créateurs — se trouve désormais trompée par la perfection algorithmique. Du jamais-vu.

De cette confusion, qu’est-ce qui va surgir ?
Et si ce n’était plus la provenance de la musique qui comptait, mais l’émotion ressentie ? Le récepteur plutôt que l’émetteur ? Car après tout, si une chanson générée par IA vous fait vibrer, pleurer ou danser… est-ce vraiment si différent, si grave ?

Des questions un peu provocantes, certes, mais pas si irréelles quand on pense à cette étude — et à la marche en avant (forcée) que semblent nous imposer les géants de l’intelligence artificielle.

visuel application FG