Remixes : l’overdose ?

14 février 2023 à 12h41 par Christophe HUBERT

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Crédit : @pexels-josh-hild - Dance One

Remixes : l’overdose ?

Les Inconnus nous l’ont appris il y a longtemps, il y a les bons et les mauvais chasseurs ! Il en va de même des remixes, plus ou moins réussis. Mais à l’instar des Inconnus, on pourrait vite tourner au ridicule la déferlante sans fin des remixes de hits des années 90-2000 !

Deux écoles s’affrontent : ceux qui aiment particulièrement réécouter, en version remixée, les tubes de leur jeunesse, sorte de Madeleines de Proust musicales. Et ceux qui voient dans le remix le signe d’une absence quasi-totale d’imagination.

A écouter les nombreux artistes – auteurs de récents remixes – la logique est la même : réinterpréter un tube, le remixer, c’est lui donner une seconde vie (en y ajoutant la patte du remixeur voire en emmenant l’original dans un nouvel univers musical) et c’est aussi le faire découvrir à la nouvelle génération. Rares seront les producteurs qui admettront remixer un classique par pur opportunisme, même si cela existe. D’ailleurs, ces artistes ne touchent quasiment rien dans ce genre de productions, l’idée est plutôt d’élargir leur public. Disons-le franchement : de surfer sur la fame du morceau original. Dans ce cas, on remixera plus facilement les Daft Punk qu’un chanteur de country des années 60 !

Blond :ish qui vient de remixer Madonna « Sorry » est un bel exemple d’un remix « réussi ». Il s’agissait pour elle de donner une nouvelle couleur à l’original, d’initier un nouveau public à ce morceau sorti en 2005 et que les plus jeunes ne sauraient connaître. Encore que, là aussi, on peut se poser la question : l’artiste a-t-elle fait cela par amour de l’original ou pour être repérée par Madonna et jouer sur sa tournée ?


Le remix c’est donc l’art du subjectif.
 Pourquoi ? Parce qu’on y projette souvent un affect, des souvenirs

Toujours sujets à caution donc, les remixes. Faut dire que certains tendent le bâton pour se faire battre par la pauvreté de la production. De récents remixes, que nous tairons, renvoient plus à un travail bâclé, à une absence de création manifeste : on pitche la voix, on rajoute un kick et job is done ! Là… bah chacun y mettra son exemple ! Car c’est toujours le problème des remixes : on les déteste, mais on les écoute quand même ! Vous penserez peut-être que le remix de « Running Up That Hill » par Boris Way n’était pas une prouesse artistique, reste qu’il a été shazamé, diffusé en radio, qu’il a inondé les réseaux sociaux.

Idem pour l’énième remix de « Free » chanté par Ultra Naté. Revisiter ce titre ne fait pas de vous un héros – tellement il a été poncé… mais avouons que par la main de l’anglais Pete Tong, le titre est bien différent et au final, l’exercice apparaît réussi. Le remix c’est donc l’art du subjectif. Pourquoi ? Parce qu’on y projette souvent un affect, des souvenirs. Certains titres sont pour nous, intouchables, pour d’autres, on se fout de les voir revenir en version remixée.

De tout temps, les producteurs d’électro se sont remixés entre eux, sorte de ping pong perpétuel, incontournable pour une musique de samples, d’échantillons, de découpage sonore. Ceci dit, les revisites de gros hits relèvent d’une logique différente et leur abondance actuelle, en dit quand même beaucoup sur une scène peu créative, qui tâtonne, qui procrastine.

Vous en pensez quoi, vous ? 

 

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