Les femmes de la scène électro

8 mars 2023 à 13h22 par Christophe HUBERT

8 mars
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Crédit : @instagram.com/charlottedewittemusic

Aujourd’hui 8 mars, on célèbre les droits des Femmes et on s’interroge sur leur place dans l’industrie musicale. Récemment, un rapport du Centre National de la Musique disait qu’elles représentent moins de 11% des artistes de la scène électro et le dernier Top 100 des meilleurs DJs du monde, ne comptait que 12 artistes féminines.

Pourtant, et par un effet trompeur, on pourrait penser qu’elles inondent clubs et festivals, emmenées par les talentueuses Charlotte de Witte, Amelie Lens ou Blessed Madonna. Il n’en ai rien, à observer les line up, les femmes restent sous représentées. En ce 8 mars donc, passons en revue celles qui font la scène électro aujourd’hui, au féminin. Une liste forcément partielle et non exhaustive.

 

PEGGY GOU

Un peu comme une peinture, l’électro a ses couleurs, ses nuances, ses mélanges et il faut savoir manier le pinceau pour trouver ici et là, les nouveautés les plus éclatantes ! Sur un front apaisé, une électro pop et onirique, notre palette est enrichie par une artiste nommée Peggy Gou, jeune coréenne qui a sortie notamment le très beau single « I Go ».

Habituée du Berghain de Berlin, où elle sortait plus jeune, Peggy Gou a su garder de cette institution de la techno allemande, le vent de fraicheur, la folie créatrice. Pas étonnant donc que Peggy Gou soit aujourd’hui autant DJ que productrice, que créatrice de mode avec sa marque Kirin désormais présente dans les plus grands magasins du monde jusqu’aux Galeries Lafayette !

 

AMELIE LENS

Elle règne en maitresse sur la scène techno européenne ! Pas un festival de renom, une soirée qui veut faire date, dans lesquels la productrice belge Amélie Lens n’est pas invitée ! Renommée et respectée de tous, elle a réussi à se faire sa place dans un milieu qui reste encore très masculin. Critiquée ou plutôt jalousée dans un premier temps par certains, l’ancienne mannequin a su mettre tout le monde d’accord, tout en restant elle-même, par la qualité de ses sets, de ses productions et avec l’ensemble de l’univers qu’elle a su créer autour d’elle.


CHARLOTTE DE WITTE

Une nouvelle fois, le talent vient de Belgique ! Charlotte de Witte est à la scène techno et minimale, ce que Cerrone est au disco, Bob Sinclar à la house music : incontournable ! Faut dire que l’artiste évolue sur la scène depuis ses 16 ans et qu’elle aura mis plusieurs années à percer. Tout cela pour camper les plus belles fêtes et trôner sur des événements comme I Love Techno et Tomorrowland !


NINA KRAVIZ


Prise malgré elle dans la guerre en Ukraine (et accusée de manquer de solidarité envers le peuple ukrainien), la Russe Nina Kraviz, n’en reste pas moins l’une des meilleurs artistes électro de sa génération. L’artiste est aussi présente dans les clubs que dans les bacs puisqu’elle est déjà dotée de 5 albums et de dizaines de productions.

 

THE BLESSED MADONNA

L’artiste The Blessed Madonna, anciennement connue sous le nom de Black Madonna est une productrice assez rare. Non pas sur scène, dans les clubs et les festivals où elle est au contraire omniprésente, en termes de releases, de sorties de titres. Il y a peu, elle rendait hommage à la fête et à son esprit de liberté dans son single intitulé « Serotonin Moombeams ».

Sérotonine, le nom scientifique de l’hormone du bonheur. Et c’est donc par ce morceau que Blessed Madonna se rappellait à nos bons souvenirs. Seule ou avec Fred Again, Blessed Madonna clame haut et fort son amour pour la fête, les clubs et leur esprit de liberté qu’on leur connait. The Blessed Madonna qui a parfois subit la critique suite à des engagements politiques parfois féministes.

 

CHLOÉ THÉVENIN 

Elle sera ce mardi 08 mars, invitée d’Antoine Baduel et de l’Happy Hour FG, Chloé Thévenin, est une célèbre DJ de la scène tricolore,  compositrice et productrice remarquée, exigeante et pointue. L’artiste a été DJ résidente dans de nombreux clubs en vue, dans la capitale, notamment ceux qui ont marqué les années 2000, comme le Pulp (avec Sextoy, artiste aujourd’hui disparue) et le Batofar.

Ses productions sont souvent inqualifiables tant Chloe sait jouer des émotions, des narrations électroniques, échappant ainsi aux modes et aux catégories house ou techno.


ALISON WONDERLAND

Un peu comme Alice au pays des Merveilles, Alison Wonderland, est en voyage permanent, entourée de drôles de personnages ! Ces personnages, c’est la foule hirsute des festivals EDM où se produit cette DJ et productrice australienne. Artiste qui s’est illustrée notamment avec son album « Awake » et qui figure dans le Top 100 des meilleurs DJs du monde. On lui connait un son EDM, trap et plus dernièrement, future basse

 

NORA EN PURE

Difficile de ne pas succomber à la musique pleine d’émotions de la suissesse Nora En Pure. Chantée ou pas, elle se propage, comme une succession de bulles, d’onde mélodieuses, douces, envoutantes. Un plaisir sans cesse renouvelé, ce qui est d’autant plus fort que Nora En Pure produit énormément.

Quand on avance sur la scène deep/deep house, on peut susciter un mouvement de recul. Simplement parce que la deep peut être parfois sombre, froide, complexe mais avec Nora En Pure, elle s’éclaire et se nourrit de deux éléments que l’on aurait tort d’opposer : une vraie légèreté mélodique en même temps qu’une vraie force, une puissance rythmique. L’artiste est désormais une experte qui maitrise son sujet.

On aurait pu en citer bien d’autres, des artistes féminines, comme Monika Kruse, Kittin – héroïne de la scène française. On aurait pu évoquer Kriss Guess et les filles d’MK Agency qui ambiancent les lieux les plus chics de la capitale, citer le collectif Venus Club qui, au-delà d’être une maison commune pour les DJs/productrices, œuvre beaucoup pour rendre la nuit plus sûre.

On pourrait saluer les pionnières qui, à différents niveaux, ont ouverts la voie : de l’anglaise Annie Mac, aux sœurs Nervo qui ont émergé dans un monde électro qui était alors bien plus masculin qu’aujourd’hui.

Bref, il existe énormément d’artistes féminines, célèbres ou anonymes. La sphère électro, par son organisation, par ses réflexes masculins/patriarcaux (comme ailleurs dans la société) n’aide pas forcément ces femmes à émerger et il faut que cela change. Notre regard d’auditeurs, de mélomanes doit aussi évoluer. Allons creuser, fouiller, digger pour découvrir les talents de demain, au féminin.

 

 

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