Le format album est-il mort ?

13 février 2024 à 18h18 par Christophe HUBERT

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Le format album est-il mort ?

« L’album est fini […] Adaptez-vous ou disparaissez. » Voila ce que vient de tweeter le célèbre DJ hollandais Sam Feldt.

D’après lui, l’heure n’est plus qu’aux singles, aux hits qu’on peut écouter « en boucle » car des albums « plus personne n’en écoute en entier » ajoute-t-il. Avant de conclure qu’il sortira prochainement… un album.

Cette petite musique sur l’album condamné, cela fait longtemps qu’on l’entend. Rengaine franchement grossière comme quand Sam Feldt fait la promotion du sien dans une sorte d’« après moi le déluge ». Refrain plus honnête et authentique chez beaucoup d’autres artistes.

Certains ne trouvent plus en l’objet album – format long par excellence – le cadre dans lequel s’exprimer artistiquement. Certains autres sont matrixés (souvent malgré eux) par les logiques du marché de la musique dans lequel, il est vrai, les plateformes de streaming musical poussent au clic et au single, dans un tsunami musical qui fait qu’un titre en chasse un autre. David Guetta n’a pas dit autre chose pour son album, un temps envisagé en 2024 et que l’artiste semble avoir enterré, par peur de voir des titres oubliés à vitesse grand V.

Mais l’album est-il enterré ? Rien n’est moins sûr. Il est toujours cette pause (s’accaparer le temps est déjà une prouesse !) pour laquelle un artiste s’isole ou s’ouvre à un collectif, gamberge pendant des mois, poussant parfois loin ses recherches musicales, les messages qu’il veut délivrer.

Il est aussi cet espace où le public peut découvrir un narratif, explorer autre chose que des morceaux en 2 minutes 30 qui tuent l’évasion, le voyage, la découverte et parfois, l’humanité. Nouer un dialogue et une fidélité demande aux artistes comme au public de prendre du temps, le temps de se rencontrer.

Bien sûr, l’album est devenu une option parmi mille autres, quand les réseaux sont devenus des canaux de dialogues nouveaux, innovants. Bien sûr que le public est devenu zappeur avec une mémoire à la Dory. Mais aucun artiste n’est contraint d’abdiquer.

Le problème avec Sam Feldt et sa formule « adapt or vanish » (adaptez-vous ou disparaissez) c’est quelle ferme davantage de portes qu’elle n’en ouvre, sachant que son futur album sera – apparemment – un classique 10-12 titres donc ni une adaptation, ni une disparition.

L’album n’est pas mort. Ce qui a du plomb dans l’aile (mais cela a toujours été le cas, non ?) c’est qu’il y a des artistes qui ont des choses à dire, et d’autres non. Et ce n’est pas grave de privilégier le single vs l'album. On verra toutefois si Sam Feldt a eu raison de l’ouvrir.

Et vous, vous en écoutez des albums ?

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