Catalogues musicaux : la fausse bonne affaire

22 avril 2024 à 13h04 par Christophe HUBERT

Image d'illustration
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Crédit : @Eran Menashri / unsplash

Catalogues musicaux : la fausse bonne affaire (?)

En matière de musique, les modes se font et se défont. Mais ce qui vaut pour la création vaut aussi, en partie, pour le business de l’industrie musicale.

Il y a encore quelques mois, la presse économique ne tarissait pas d’éloges sur les aventures spéculatives des fonds de pension et majors du disque autour des catalogues d’artistes. Faut dire que les sommes en jeu étaient considérables : 500 millions de dollars pour Bruce Springsteen, 200 millions pour Justin Bieber. David Guetta aurait vendu son catalogue pour 100 millions de dollars (estimation Financial Times), etc…

Investissements massifs donc, pour rentabilité maximum notamment grâce aux plateformes de streaming ou aux rééditions de titres. Un placement juteux que certains comparaient à celui de l’immobilier voire à celui du pétrole !

Ils n’ont peut-être pas tort, mais peut-être pas raison non plus ! Pour preuve, le fonds britannique de catalogues de musique Hipgnosis Songs Fund (HSF) - qui gère les catalogues de Shakira, Justin Bieber, Justin Timberlake, Leonard Cohen, Mark Ronson ou encore des Red Hot Chili Peppers est sur le point de se faire racheter par un énorme fond américain, Blackstone. Montant de la transaction : 1,5 milliard de dollars.

Cela fait beaucoup d’argent, mais ce serait moitié moins que ce que l’entreprise valorise comme actifs. Créée par Nile Rodgers et par l’ex-manager de Beyoncé, Hipgnosis cumule plus de 150 catalogues d’artistes (65.000 titres) et pèserait en réalité, 3 milliards de dollars. Seulement voilà, le business magique n’était peut-être qu’un mirage : Hipgnosis a triplé ses pertes l’an passé. Pourtant, ce fut un pionnier, l'un des premiers à se lancer sur le marché des catalogues musicaux.

Alors que le marché musical tire sa bonne santé d’une montée en puissance du streaming, les revenus générés par les back catalogues (les vieux titres déjà sortis d’artistes iconiques) sont possiblement une manne financière forte et régulière (sous forme de droits d'auteur) qui incite à payer le prix fort. Reste à savoir si le cas de Hipgnosis est celui d’une mauvaise gestion ou l’illustration d’une bulle financière qui serait en train d’éclater.

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