Se réinventer c’est dur, sauf si c'est en mieux.

24 novembre 2022 à 22h13 par Christophe HUBERT

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Crédit : Pexels

Se réinventer c’est dur, sauf si c'est en mieux.

L’inconvénient avec le temps, c’est qu’il passe. Je veux dire, il finit par passer, qu’on soit d’accord ou pas. Que vous ayez 25 ans et la vie devant vous, ou 50 et la vie derrière, c’est un constat qui tabasse.

Sur FG, notre métier c’est la radio. Beaucoup pensent que les médias évitent, s’évitent les bouleversements de notre époque. Tout va très vite, tout le monde court. Sans savoir pourquoi. Mais on y va tous, puisqu’il faut courir.

Le métier de la radio a changé et change comme jamais. La jeune génération écarquille les yeux devant le mot « radio » en se demandant s’il faut filer à l’hosto – eux, le métier les considère comme perdu. Les trentenaires t’expliquent que les contenus, la musique, on les écoute ailleurs, on les savoure autrement. Ils ont raison. Les quadras, les quinquas s’accrochent mais finalement, on sent que la roche s’effrite, que nos doigts glissent et que la gravité s’agite. Comment se soulever ? Comment apporter au public un contenu qui correspond à ses attentes ?

Non, non, ne répondez pas si vite, si la science est imparfaite, vos réponses le seront toutes autant. Vous croyez qu’on n’embauche pas assez de sachants, d’encombrants, qui vous expliquent quoi faire, quoi dire, pour faire plaisir aux gens ?!

Par méfiance, on avance avec convictions. Et conviction, ça rime avec imperfection. Le média radio se réinvente et comme dans un match de boxe, à deux doigts du KO, on nous explique qu’il faut redécorer le ring, changer les lumières, faire rire le public et s’assurer que le coup de poing est au format Instagram. Parce que rien n’est possible sans les réseaux sociaux. C’est pas moi qui le dit, c’est les réseaux.

Ou alors, on se dit que la radio c’est trois choses : le partage – d’une passion, d’un savoir-faire, d’un savoir être – le dialogue (et alors on estime que les auditeurs ne sont pas des demeurés à qui on doit 3 mois de loyer. Dans un jeu débile qui soit-disant, fera rire le foyer), et surtout, l’horizontalité.

La proximité qui nous fera descendre de nos tours d’Ivoire. La proximité qui nous rappellera que s’il y a des programmes à vendre… encore faut-il avoir des clients. La sagesse de penser que l’autre à une vérité, un vécu, un savoir qui ne demande qu’à s’exprimer.

Trop souvent, les radios se rêvent en citadelles imprenables, machines à vent qui oublient à qui elles parlent. Quand t’as Twitch en face, tu dis pardon et t’écoutes. Quand t’as Tik Tok en face, t’arrêtes de penser que ton contenu, c’est le seul qui vaille. Quand t’as tout cela en face de toi, t’arrêtes de penser que ça reviendra. Car ça ne reviendra pas. Pas si tu ne bouges pas.

Alors on essaye. On donne la parole aux jeunes DJs, une place pour rencontrer le public. On donne la parole à celles et ceux qui, comment nous, partagent nos inquiétudes, nos joies, nos questionnements. On vous sollicite, on vous interroge. On teste, on tâtonne. Cela veut dire se tromper parfois, souvent. Mais on y croit. Se réinventer c’est dur, sauf si cela nous permet d'être un média augmenté, un média en mieux.

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