Musique : les très rentables superfans…

Musique : les très rentables superfans…

Ils sont peu, mais ils sont forts. Du moins, fort rentables ! Eux, ce sont les superfans, autour desquels le marché musical s’organise actuellement.

D’après une récente étude américaine de Luminate, les superfans représenteraient 15% de la population - pas de raison à ce que les proportions soient différentes en Europe et en France. Superfans et.. super consommateurs de musique : 80% de plus, par rapport à un auditeur moyen. On en trouve beaucoup parmi les fans de K-pop, d’afrobeats et d’EDM. Un superfan, surtout, se rue sur les CD (il en reste), les vinyles, les produits dérivés, les places de concerts, dépensant 68% de plus d’argent que les autres.

Chez Spotify, il ne pèse que 2% de la masse mais représente 18% des streams globaux !

Vous l’avez compris, le superfan est à dorloter car c’est potentiellement une machine à cash. Pour la banque d'investissements, Goldman Sachs, c’est un marché potentiel de 4 milliards de dollars chaque année.

Presser le superfan comme un citron

Le décor étant planté, passons aux appétits aiguisés des acteurs du marché. Spotify, Universal Music, Warner Music – entre autres – se redéploient avec pour objectif de presser le superfan et d'en extraire le nectar, comprenez son argent, car son unique super pouvoir est là ! 

Sans le vouloir, Spotify a laissé fuiter l’info d’une future application réservée aux superfans, avec des « clubs » - espaces de dialogue nouveau entre les artistes et eux.

Universal vient de son côté d’acquérir la plateforme Complex, dédiée aux jeunes et qui pourrait distribuer, à terme, des objets superfans : baskets, expériences, objets de collection, lignes de vêtements.

Le géant du concert Live Nation, bosse sur des offres premium qui permettraient aux fans d’avoir accès à des expériences privées, aux coulisses, etc…

Et tout dernièrement, Warner Music Group a annoncé travailler également sur une application dédiée avec l’objectif de nouer des liens plus étroits entre les artistes et leur public. Pour son PDG :

« Les artistes et les super fans veulent des relations plus profondes, et c'est un domaine relativement inexploité et sous-monétisé ».

Et Robert Kyncl d’ajouter, hier au Web Summit de Doha : « Je crois fermement au pouvoir d'un superfan ! ».
L’application en question devrait voir le jour cette année.

En bref, le superfan n'est pas uniquement là pour acheter des produits dérivés, il pourrait inciter les maisons de disque, labels et organisateurs d'évènements à créer de nouvelles interactions, de nouveaux moments privilégiés voire un dialogue direct entre l'artiste et son fan. Il pourrait modifier les rapports de force entre les artistes, leurs labels, leurs représentants. C'est là le plus intéressant. 

Après des années de marasme économique et maintenant que le streaming tend à se stabiliser dans le monde, les géants de la musique cherchent à élargir leurs revenus. Sans aucun doute, le superfan est tout désigné pour remplir ce rôle ! Ce qui explique pourquoi le mot est dans toutes les bouches et qu'il sera probablement l'un des concepts forts de 2024.