Fermer les clubs : problèmes réglés ?! (non)
6 décembre 2022 à 13h57 par Christophe HUBERT
Dégager les discothèques : problèmes réglés ?! (non)
Comme une histoire sans fin, une boucle infernale. Comme si la vie nocturne et festive était condamnée à être une sous-vie, d’une moindre importance que celle de la journée et du travail.
Là, on n’entendra pas grand monde parler de populisme, parce qu’il s’agit d’écouter les "bons" citoyens, mais comment ne pas voir dans la récente sortie du maire de Metz, un bégaiement de l’histoire.
L’histoire, celle notamment qui avait conduit au lancement de la pétition « Paris, quand la nuit meurt en silence », en 2009. Les acteurs de la vie nocturne s’étaient mobilisés pour dénoncer une capitale sans fêtes, engoncées dans ses combats de riverains et dans le débat délétère entre ceux qui veulent s’amuser (et que la loi anti-tabac avait poussé sur les trottoirs) et ceux qui veulent dormir. Comme s’il fallait choisir.
Bien sûr que la sécurité est importante, que le respect du sommeil est aussi une marque de respect, mais on croyait que tout cela, cela se réglait dans des forums de quartier, des politiques municipales. D’ailleurs, pas une ville moderne, sans prise de conscience qu’il faut mobiliser la nuit, ses acteurs, pour qu’elle soit festive ET reposante.
Mais le maire de Metz, François Grosdidier a une autre lecture des choses. Il y a quelques jours, il a défendu l’idée d’un centre-ville débarrassé de ses discothèques… qui seraient reléguées en périphérie : "Je pense qu'il y a des activités qui n'ont pas forcément leur place en zone habitée. Quand des boîtes de nuit génèrent des nuisances et des incivilités aussi fortes pendant toute la nuit, il faut qu'elles trouvent place en périphérie."
Réaction immédiate des professionnels de la fête : eux aussi, ils font vivre la ville ! Thierry Fontaine, responsable des établissements de nuit à l’Umih discothèque déclare même : “Sur les incivilités, une boîte de nuit se doit de gérer sa clientèle. Et on le fait, en général. […] Il ne faut pas généraliser et jeter l'opprobre sur toute une profession juste parce qu’il y a un ou deux établissements qui ne fonctionnent pas très bien".
Enième débat donc, opposant fêtes et tranquillité, fêtes et sécurité. Le mesure de François Grosdidier relance le débat mais apparaît aussi un peu radicale – fermer c’est régler le problème mais… si les jeunes se rassemblent ensuite devant le musée, on ferme le musée ? Et ensuite, les bars ? La foule qui souhaite un terrain de fête n’aura alors d’autres choix que la périphérie de la ville… en quoi cela résout le problème de la sécurité ? En quoi prendre sa voiture en sortant d’un bar du centre-ville pour rejoindre le club, est une bonne idée ? La question est posée et les élus locaux trancheront.
Cela rappelle en tout cas que le combat du collectif « Club Culture » est encore long pour permettre aux clubs, d’obtenir une vraie reconnaissance comme lieux culturels. Car il est assez probable que François Grosdidier n’aurait jamais demandé la fermeture d’un musée ou d’une salle de concerts. S’il le fait pour les discothèques, c’est aussi parce que c’est facile (ou parce qu’il ne connait pas la culture club).