Anyma, Tales Of Us : génies ou savants fous ?
Publié : 12 février 2024 à 13h02 par Christophe HUBERT
Anyma, Tales Of Us > Génies ou savants fous ?
Si vous êtes féru(e)s d’électro, vous savez qu’Anyma en solo ou Tale Of Us en duo, ne cessent de nourrir l’actualité musicale (Anyma qui vient d’ailleurs de sortir son nouveau titre « Pictures Of You »). Mieux, ne cessent d’incarner une modernité, en matière de melodic techno et de prestations scéniques.
Pas une semaine sans de nouvelles vidéos qui inondent les réseaux sociaux, de la part - on doit bien l’admettre – d’un duo italien, devenu expert de la communication, et accessoirement, très bons producteurs.
Le live justement, indissociable du travail de Carmine Conte et de Matteo Milleri, c’est d’ailleurs lui que suscite notre interrogation. Musicalement, chacun aura son avis.
Alors penchons-nous sur le live, qui transcende l’œuvre de ces artistes. A grands renforts de nouvelles technologies - et il faut saluer l’audace et la prise de risque - se déploient l’univers de Tale Of Us et d’Anyma – sous les mains expertes d’Alessio De Vecchi, designer 3D.
Déluge d’innovations qui a un effet blast auprès du public qui sourit, sort son smartphone, comme pour graver l'événement qui le subjugue. Une réussite à chaque fois. Mais que filme-t-on ? La technologie sur écrans de 30m ou le fond de ce qui nous est montré ?
Soit c’est une jolie poésie, une claque visuelle, soit cela dit plus sur notre vision du futur.
Anyma, Tale Of Us, nous mettent en scène un monde à la lisière : ni êtres humains, ni robots. Un transhumanisme qui cherche à prendre vie. Mieux encore, qui cherche à se libérer de ses chaînes. Nous voilà admiratifs devant cette projection 3D où nous, êtres humains, observons un futur sans nous… mais qui cherche à devenir « nous » ! Les nouvelles technologies devaient libérer l’Homme, elles préparent sa disparition…
Avec les deux italiens, on n’applaudit pas un univers dans lequel l’homme se rassemble, s’unit avec la nature ou devient maitre de lui-même. Et c’est d’autant plus frappant que le public électro (on le voit partout) vénère, par ailleurs, un culte pour les artistes de proximité, d’humilité, d’humanité. Fred Again, Skrillex avec des robots ? Impensable !
Anyma, Tale Of Us sont-ils des génies du marketing, utilisant technologies et grosses ficelles pour créer une oeuvre rapidement consommable par écrans interposés ? Ou sont-ils des savants fous créant un avenir déshumanisé et pas forcément désirable ?
Là s’arrête l’article, et là démarre votre réflexion.
Car cette vision scénique est aussi une question posée à la fête du futur : sera-t-elle composée de mondes imaginaires, cocoon de nos frustrations ? Ou sera-t-elle rébellion, miroir de nos espoirs collectifs ?