Vers la disparition des clubs de Berlin (et d'ailleurs) ?

22 mai 2023 à 13h45 par Christophe HUBERT

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Crédit : @charles-asselin / Unsplash

Vers la disparition des clubs de Berlin (et ailleurs) ?

Une hécatombe. La simple observation du paysage clubbing européen suffit à comprendre que les clubs sont en voie de disparition, que l’ouverture de quelques lieux isolés ne parviennent plus à cacher.

L’Angleterre a vu le nombre de ses clubs fondre comme neige au soleil. L’autre pays qui a peur pour son industrie de la nuit, c’est l’Allemagne et son QG techno, Berlin.

Dernièrement, c’est un projet d’extension d’autoroute qui fait craindre le pire. L’A100 qui devrait être prolongée jusqu’au quartier de Storkower Strasse (on reparlera de l’opportunité de créer des autoroutes urbaines en 2023…). Problème, la construction viendrait bouffer le terrain de 6 clubs dont le Renate et l’OXI. « Nous supposons qu'entre 20 et 30 institutions et clubs culturels pourraient ou devraient fermer » déclare même Maximilian Schirmer, président du parti Die Linke à Berlin.

L’annonce a entrainé une levée de bouclier de la Klub Commission (qui regroupe les clubs mythiques de Berlin) qui s’étonne puisque, dans le même temps, le Parlement de Berlin se mettait d’accord pour créer un espace de dialogue entre les clubs et les différents partis politiques représentés.


(Simon Tartarotti / Unsplash)

Car depuis longtemps, les clubs berlinois s’alarment. On y trouve là-bas, les mêmes causes qu’ailleurs en Europe, de Londres à Paris en passant par Bruxelles (et le cas récent du Fuse) : des villes allergiques à la moindre nuisance sonore, des élus qui – enlevant aux clubs toute dimensions culturelles – souhaitent chasser les lieux festifs des centre-villes.

Doublé du fait qu’une partie de la jeunesse se détourne du modèle club pour faire la fête et communier en musique, vous obtenez le cocktail détonant signant, à terme, la fermeture de nombreux spots en Europe. Même le mythique Berghain a restreint ses activités ces dernières années et certains pensent que les jours du club iconique sont comptés.

A Berlin, l’avenir des lieux festifs est également menacé par une hausse rapide et continue des prix immobiliers. Et même si le projet d’extension de l’autoroute n’était pas entériné, la question de la survie des clubs berlinois resterait posée. Et ce, alors que la Klub Commission rappelle que l’industrie de la nuit et de la fête génère chaque année, plus d’1,5 milliards d’euros.

Jens Schwan est à la pointe de la contestation. Le créateur de la manifestation musicale « Zug der Liebe » ajoute : "C'est indigne de Berlin, un centre-ville sans clubs. La ville en fait la publicité. Outre les start-ups, la culture club de Berlin est le moteur le plus important, en particulier pour les jeunes touristes [...] Et c'est aussi un symbole de Berlin".

Symbole de Berlin, symbole de Londres, symbole de Paris... on pourrait décliner, tant les musiques électroniques et leurs lieux d'accueil des artistes participent de la vitalité culturelle des capitales en Europe. Les voir disparaitre, submerger par un monde aseptisé, anesthésié et se méfiant de la fête, devrait nous inquiéter tous et toutes. Un club n'est pas qu'un lieu de lâcher prise ou de perdition, c'est un endroit où se diffuse la culture, la musique. Accepterait-on de dégager théâtres et cinémas des centre-villes, sous pretexte de sons trop forts ou d'autoroutes trop courtes ? 

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