Musique : finie la langue anglaise ?

20 mars 2024 à 12h02 par Christophe HUBERT

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Crédit : Spotify

Musique : finie la langue anglaise ?

Hier, Spotify a dévoilé son rapport d’activité pour l’année 2023 et avec lui, un état des lieux du marché musical et du streaming.

La vue d’ensemble ? Le streaming se porte bien, génère de forts revenus qui permettent à énormément d’artistes de réussir, et pas que les plus grosses stars. Il y aurait à dire de l’image idyllique dressée par Spotify alors que l’on sait que la suprématie du streaming se fait au détriment des petits artistes et labels indépendants, qu’il contribue à concentrer les richesses sur un petit groupe d’individus sur qui se font l’essentiel des streams.

Cela dit, une statistique a retenu notre attention, c’est le fait que l’anglais s’impose de moins en moins dans les productions musicales, au grand dam de l’industrie américaine ou du soft power anglo-saxon.

D’après l’étude « Loud & Clear » de Spotify, plus de la moitié des 66 000 artistes qui ont généré au moins 10 000 dollars de revenus en 2023 n’ont pas l’anglais comme langue maternelle. Signe que la globalisation du streaming et la mondialisation de la musique, entraînent une forte poussée de scènes nationales, régionales.

Concernant les streams, sur les 10 000 morceaux les plus écoutés en 2023, 54,9 % étaient en anglais. Majoritaires donc mais en forte baisse de 7 points par rapport à 2022. Et le déclin est amorcé depuis plusieurs années.

Qui sort gagnant ? L’espagnol, l’allemand, le portugais, le français et le coréen sont en tête du peloton pour les productions dans des langues autres que l’anglais. On observe aussi une forte poussée de l’hindi, l’indonésien, le pendjabi, le tamoul et le grec.

Ce faisant, comme l’explique Spotify, des artistes qui dans le passé avaient du mal à percer dans leur langue, ont aujourd’hui davantage d’opportunités pour le faire. Et les pays peuvent ainsi reconquérir des espaces culturels. En France, les scènes pop et rap sont tellement fortes, qu’elles portent la langue française et permettent son export. Mais de nombreux pays dans le monde ont une production musicale minuscule au détriment des géants Anglais ou Américains. Le streaming serait donc sur le point de changer les choses.

Musique latine, K-pop, musique indienne, notamment trouvent ainsi de nouveaux débouchés. Le paradoxe, souligné par Spotify, c’est que plus la musique se globalise, plus le public a accès aux sons du monde entier, plus son choix se porte sur les scènes locales, proches de lui et utilisant sa langue.

Retrouvez ici (en anglais) l’étude « Loud & Clear »

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