FG CHIC : Duke Riley : l’art de l’engagement, réécrit avec une élégance radicale. 

Publié : 10h19 par
Gwenael BILLAUD

FG CHIC : Duke Riley : l’art de l’engagement, réécrit avec une élégance radicale. 

Duke Riley
Duke Riley
Crédit : Duke Riley

FG CHIC : Duke Riley : l'art de l'engagement, réécrit avec une élégance radicale. 

L'océan, vaste territoire longtemps perçu comme un espace d'aventure et de liberté, est désormais le réceptacle d'une économie mondialisée, surexploitée et polluée. Pour sa première exposition personnelle à la Galerie GP & N Vallois, Duke Riley nous entraîne dans son univers maritime, en utilisant l'océan comme un outil de transmission d'une mythologie moderne et militante, où se mêlent légendes, tatouages ​​de marins, sirènes maltraitées et environnement abusé. Dans Baigné de vos langueurs, l'artiste américain fait dialoguer le folklore marin et les urgences écologiques. Chaque œuvre devient un fragment de mythe contemporain, où la mer, à la fois nourricière et menacée, sert de fil conducteur. Sa série de mosaïques réalisées à partir de matériaux récupérés dans l'océan - fragments de plastique, mégots, briquettes, coquillages - évoque d'abord des compositions artisanales, dont la symétrie et les couleurs rappellent les broderies latino-américaines. Mais à mesure que l'œil s'approche, la beauté du motif se fissure : les matériaux polluants remplacent les perles et les coquillages, comme une fable visuelle sur la transformation des océans. Dans des œuvres telles que Order from Prescription History ou Amoco Cadiz, Riley expose cette dualité : l'esthétique du marin et la laideur de ce que l'homme y déverse, dépictant une vérité démoralisante. Tatoueur de formation, Duke Riley continue de « marquer » les surfaces - non plus des corps, mais des objets triviaux : bouteilles, flacons, cassettes, bidons, artefacts hybrides flottant entre deux eaux, réunis dans la série The Poly S. Tyrene Memorial Maritime Museum. Reprenant les emblèmes du tatouage traditionnel : ancres, sirènes, bateaux, cœurs percés, il se réapproprie ces symboles pour servir de message politique et poétique. Comme si chaque objet, arraché à la mer, portait à nouvelle une histoire, à la manière des scrimshaws, ces os de cétacés gravés par les marins des baleiniers au XIXème siècle.

Donnez-nous votre faim ?

2025 Encre sur papier canari 24,1 x 11,4 cm

L'artiste étend cette pratique sur papier, travaillant ses compositions comme un tatoueur prépare son motif avant de le graver dans la peau. Son passé, indissociable de son engagement, infuse l'ensemble de son œuvre. Avec humour et gravité, Duke Riley compose une mythologie écologique et populaire, nourrie de culture pop autant que de croyances maritimes. On croise dans son imaginaire les fantômes de Popeye, mais aussi les échos d'un monde englouti sous ses propres déchets. Ses œuvres, à la fois bricolées et précieuses, redonnent forme à un folklore perdu - celui d'une humanité autrefois en dialogue avec la mer, devant aujourd'hui réparer ses naufrages. Duke Riley a présenté des expositions individuelles au Brooklyn Museum, au Queens Museum of Art, au MOCA Cleveland, à la Biennale de La Havane, à la Biennale de Sydney, à la Biennale de Mercosul, à Philigrafika, et plus récemment, a retenu d'une grande rétrospective au Virginia Museum of Contemporary Art. On retrouve ses œuvres dans les collections permanentes de la National Gallery of Art, du Whitney Museum, du Brooklyn Museum et du Museum of Fine Arts Boston. Riley partage l'année entre son studio dans le Brooklyn Navy Yard où il élève encore des pigeons et celui sur son bateau à Rhode Island où il collecte le plastique océanique.  

 

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Déchets plastiques trouvés coquillages, cadre en acajou

170,2 x 170,2 x 10,2 cm

L'Élégance Radicale du Naufrage selon Duke Riley 

L'océan, notre dernière frontière, n'a jamais été un sujet aussi déclaration que sous l'œil de Duke Riley. 

À la Galerie GP & N Vallois, son exposition personnelle, Baigné de vos langueurs, s'impose comme un manifeste visuel d'une beauté troublante. L'artiste américain, maître du chiqué marin, réinvente la mythologie des flots pour dénoncer l'urgence écologique avec une poésie amère. 

C'est une épopée où l'élégance des légendes de marins rencontre la froide réalité de la pollution mondiale. Ses mosaïques, véritables patchworks précieux, semblent de loin des broderies d'une symétrie parfaite. Mais en s'approchant, le motif se révèle : une tapisserie désarmante faite de fragments de plastique, de mégots et de briquets repêchés. 

Le luxe se fissure, révélant la laideur que l'homme y déverse – un contraste captivant et démoralisant. Ancien tatoueur, Riley ne marque plus les corps, mais les objets : bouteilles et bidons deviennent des totems, sauvés des eaux et tatoués d'ancres et de sirènes malmenées.

Ces artéfacts, répertoriés dans The Poly S. Tyrene Memorial Maritime Museum, rappellent les scrimshaws du XIXe siècle, portant les stigmates d'une humanité naufragée. 

Chaque pièce est un message politique et poétique, infusé d'une culture pop à la Popeye et d'une gravité essentielle. 

L'œuvre de Riley est le must-have de la saison pour qui veut concilier art précieux et conscience environnementale. Un visionnaire qui a conquis les collections du Whitney et de la National Gallery, et dont l'atelier balance entre le Brooklyn Navy Yard et les côtes de Rhode Island, collectionneur sans relâche. 

Du 07.11.25 au 20.12.25 

https://www.galerie-vallois.com/ 

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