Danser... vous êtes armés
8 avril 2021 à 11h08 par Christophe HUBERT
Venir armer à un concert, un festival ou pour sortir en club... Voilà l’une des trouvailles de la loi « Sécurité Globale » ! Dans son article 25, la proposition de loi autorise en effet, les forces de l'ordre (gendarmes et policiers) à porter une arme dans les établissements recevant du public (musées, théâtres, cinéma, centres commerciaux)… sans que le lieu en question puisse s’y opposer.
Le Sénat a adopté le 18 mars dernier ce dispositif, sans modification par rapport au texte de l'Assemblée nationale, ce qui signifie qu’il est « bloqué » et ne pourra plus, par la suite être modifié (et donc, qu’il aura toutes les chances d’être définitivement adopté). Ceci dit, l’article suscite l'opposition d'élus de tous bords et la désapprobation du secteur culturel. Leur crainte : qu’un accident se produise.
Cette disposition «soulève beaucoup de questions et pourrait même représenter un danger», déclarait notamment la Sénatrice Sylvie Robert (PS).
De leurs côtés, huit organisations artistiques ont signé un communiqué pour exprimer leur inquiétude. Cette mesure "réduirait le sentiment de sécurité de nos publics", déclare ainsi Laurent Decès, directeur du Petit Bain à Paris et président du Syndicat des musiques actuelles (SNA). Dans leur communiqué, ces professionnels soulignent les risques : falsification de cartes de police, mouvements de foule en cas de vue d’une personne armée, risques de consommation d’alcool par les agent·e·s armé·e·s, etc.
Gérald Darmanin continue toutefois de défendre sa mesure, reprenant en partie les arguments des syndicats de police qui demandaient le port d’armes dans les lieux publics, notamment parce qu’ils sont des lieux sensibles exposés aux risques terroristes (d’ailleurs, l’idée a ressurgi après les attentats du 15 novembre). Pour le ministre de l’Intérieur « Il y a aujourd'hui plus de 30.000 policiers au moins qui rentrent chez eux ou qui vivent en dehors de leur service avec leurs armes», sous-entendu, il n’y a pas rien de nouveau ni de problématique.
Les sénateurs ont adopté la loi « Sécurité Globale » et il reste aux députés à faire de même la semaine prochaine, pour que le Parlement adopte définitivement le texte. Les opposants prévoient toutefois de saisir le Conseil Constitutionnel.
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