Soundstorm, le festival qui fait polémique

1er décembre 2021 à 12h20 par C HUBERT

Soundstorm 2021

Crédit : Soundstorm 2021

Soundstorm, le festival qui fait polémique


8 scènes, près de 500 tonnes de matériel, un gros dispositif scénographique et surtout, plus de 200 artistes invités ! Le festival « Soundstorm » est un mastodonte, une de ces messes électroniques et notamment EDM qui se veulent inoubliables. Sauf que « Soundstorm » fait polémique. La raison, son pays hôte et principal financeur : l’Arabie Saoudite.


En organisant cet évènement du 16 au 19 décembre à Riyad, le royaume entend se donner un gros coup de projecteur. Son argument, rassembler un line up de folie : Adam Beyer, Afrojack, Amelie Lens, Black Coffee, Carl Cox, Camelphat, Charlotte de Witte, Claptone, David Guetta, DJ Snake, Jeff Mills, Kevin Saunderson, Martin Garrix, Purple Disco Machine, Solomun, Tiesto, etc…


De quoi rendre cool l’image du pays. Et c’est là que le bât blesse. Car le festival « Soundstorm » choque, inquiète, agace, celles et ceux qui considèrent que non, se produire dans une fête en Arabie Saoudite est assez peu conforme aux valeurs portées par les musiques électroniques : ouverture au monde et aux autres, fête inclusive accueillant tout le monde, quel que soit son sexe, son statut social, sa sexualité.


En la matière, on peut comprendre l’inquiétude, car l’Arabie Saoudite est assez peu exemplaire quant au respect des droits des femmes ou de ceux des LGBT. Il est même l’un des rares pays où la peine de mort est requise contre les homosexuels.


Dans ces conditions, est-ce que participer à un festival saoudien est une bonne idée ?


De manière plus politique, on sait que l’actuel leader saoudien tente depuis son accession au trône de redorer le blason de son pays, et ce, surtout après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Dans ces conditions, est-ce que participer à un festival saoudien est une bonne idée ? Est-ce que des piliers comme Kevin Saunderson ou Jeff Mills n’ont pas le « devoir moral » de ne pas y participer ? D’après nos informations, les organisateurs auraient proposé des cachets très élevés pour booker les artistes. Pour autant, n’allons pas croire que tous et toutes le font pour l’argent, au détriment de leurs valeurs, c’est évidemment plus compliqué. Un élément est à noter : le gouvernement saoudien a récemment investi dans Live Nation, premier organisateur de concerts au monde, possible donc que les artistes n'aient traité qu'avec cette entreprise.


Reste que l’émoi est tel que Jeff Mills a tenu à s’expliquer sur les réseaux sociaux déclarant notamment qu’ « il ne faut pas juger les citoyens d’un pays pour les actions de ses dirigeants. », ajoutant que dans ce cas, il faudrait couper les ponts avec la Chine, la Russie ou qu’il aurait fallu le faire avec les Etats-Unis sous l’ère Trump. Et Jeff Mills de rappeler que la musique a le pouvoir de faire changer les choses, questionnant ses contradicteurs « Qu’est-ce qui vous fait croire que ce serait différent pour un évènement en Arabie Saoudite ? ».


Pas sûr que l’argument soit suffisant pour éteindre la polémique, même s’il montre la complexité du problème et le danger de juger trop rapidement les artistes et leurs choix. D'autant que d'autres concerts en d'autres temps ont pu déclencher les mêmes questions. On pense notamment à des pays comme Cuba.Et vous, comprenez-vous que des DJs puissent se produire dans ce festival saoudien ?