Suno, toujours plus haut, toujours plus fort

Suno, toujours plus haut, toujours plus fort

Si Suno est une marque qui vous est étrangère, sachez qu’elle commence à être très bien identifiée par les acteurs de la musique, qu’ils s’agissent des artistes ou des labels et maisons de disques.
La startup britannique, spécialisée dans la « création » musicale, connaît une ascension fulgurante. Selon des informations rapportées par Bloomberg, l'entreprise génère actuellement plus de 100 millions de dollars de revenus chaque année et, pour soutenir sa croissance, Suno cherche à en lever 100 millions supplémentaires, valorisant la société à plus de 2 milliards de dollars.

Ce qui pourrait ne rester qu’une information économique prend un autre sens quand on parle de création musicale et d’intelligence artificielle. Suno permet à ses utilisateurs de créer des morceaux musicaux complets à partir de simples prompts, incluant souvent des voix et des paroles. Une création réalisée en puisant dans sa base de données : la musique déjà créée. Dès lors, tout s’éclaire : Suno est autant un outil bienvenu d’aide à la production que le visage incarné de l’IA, pieuvre tentaculaire qui envahit les plateformes de streaming et, bientôt, notre quotidien.

Suno est donc haïe autant qu’elle compte de soutiens. Enfin, pas tout à fait. Disons qu’elle a des ennemis puissants. L’entreprise est actuellement poursuivie par les maisons de disques majeures — Sony Music, Universal Music Group et Warner Music Group — pour utilisation non autorisée de contenus protégés par le droit d'auteur dans l'entraînement de ses modèles d'IA. Des labels qui réclament des dommages-intérêts pouvant atteindre 150 000 dollars… par œuvre enfreinte, ce qui pourrait se chiffrer en milliards de dollars.

Et ne croyez pas que la musique créée par IA n’est que balbutiante : elle représente déjà une masse considérable de titres. Radio FG en reçoit déjà pour diffusion (et décline poliment), Deezer estime à 10 000 les titres créés par IA qui sont uploadés quotidiennement, beaucoup étant produits grâce à Suno.

En conclusion, Suno est en train de croître, et fortement. Le marché de l’IA appliquée à la musique est potentiellement énorme : il suscite donc des convoitises, peu importe si c’est au détriment des droits d’auteur et des œuvres déjà créées. La capacité de Suno à lever des fonds et à se développer dans l’avenir en dira long sur la progression de l’IA et sur notre aptitude à encadrer ces nouveaux outils, voire à dire non.